Révolution en Tunisie
Voici ce que pense l'un des secrétaires nationaux du POI (Parti Ouvrier Indépendant) de la révolution Tunisienne dans l'éditorial d'Informations Ouvrières de cette semaine. Pour une fois je m'abstiendrais de tout commentaire.
Mais quand même je suis assez d'accord avec lui.
Ben
Vive la révolution tunisienne !
La décision de la centrale syndicale UGTT
de retirer du gouvernement
provisoire les trois
ministres dont elle avait accepté
la nomination vingt-quatre
heures plus tôt reflète la profondeur
de la révolution tunisienne.
C’est bien d’une révolution qu’il s’agit.
Elle ne fait que commencer. Une révolution
dont le caractère ouvrier et de souveraineté
nationale s’affirme chaque jour un
peu plus. Ouvrière, cette révolution qui
voit la population, les jeunes, les travailleurs
s’organiser en comités de défense contre
les tenants de l’ancien régime et prendre
en main le ravitaillement. Ouvrière, cette
révolution, par le rôle qu’en dépit même
de sa direction, l’UGTT est amenée à y jouer,
saisie à tous les niveaux par les travailleurs
pour porter les revendications et accueillir
les comités de défense dans ses locaux.
C’est de la démocratie et de la souveraineté
nationale qu’il s’agit. Car le peuple
tunisien, qui est parvenu à chasser Ben Ali
— pourtant érigé en modèle par les
« grands » de ce monde—, ne veut pas se
laisser déposséder de son avenir. Le peuple
ne veut pas davantage de Ben Ali sans Ben
Ali, d’un gouvernement qui maintienne
ses institutions, ses ministres, ses lois, son
parti et sa politique de pillage.
L’enrichissement personnel du clan
Ben Ali est un fait indiscutable. Mais la
misère et la faim qui ont soulevé le peuple
tunisien n’ont pas pour seule origine cet
enrichissement. Sur injonction du FMI et
de l’Union européenne (qui a signé un
accord d’association en 1995 avec la Tunisie),
d’immenses avantages ont été accordés
aux multinationales libres de privatiser en
masse les entreprises nationales,de piller le
pays et de surexploiter une classe ouvrière
privée de droits et de garanties (1).
On a beaucoup glosé, en France, sur la
maladresse de tel ministre de droite et de
Sarkozy lui-même soutenant jusqu’au bout
le régime de Ben Ali. On a glosé aussi sur
la phrase du « socialiste » Strauss-Kahn :
« La politique économique adoptée ici est
une politique saine et constitue le meilleur
modèle à suivre pour de nombreux pays
émergents » (2). Maladresses ? N’est-il pas
logique que ceux qui lient leur sort, à droite
comme à « gauche », à l’Union européenne
et au FMI, armes de pillage et de destruction
de tous les peuples, portent aux nues
une dictature qui vend la nation aux multinationales
étrangères et livre sa classe
ouvrière à la sur-exploitation ?
La révolution ne fait que commencer
en Tunisie.Elle a déjà porté un coup majeur
à toutes les institutions du capital financier
international, à l’Union européenne,
au Fonds monétaire international. Elle met
à l’ordre du jour du combat de souveraineté
du peuple tunisien l’exigence de rupture
avec ces institutions.
Mais pas seulement en Tunisie. Il y a
eu les manifestations de Grèce aux cris de
« Dehors le FMI et l’Union européenne ! ».
Il y a eu cette déclaration d’un responsable
syndical irlandais lorsqu’ arrivèrent les
émissaires de l’Union européenne et du
FMI : les « barbares sont à nos portes ». Le
peuple tunisien ouvre une voie qui met à
l’ordre du jour du combat des travailleurs
et des peuples du monder entier : dehors
les pillards des multinationales, des institutions
spéculatives du capital financier,
du FMI et de l’Union européenne !
Vive la révolution tunisienne !
Daniel Gluckstein
Secrétaire national du POI
(1) Avantages vantés sur le site : www.investiren- tunisie.net (2) Le 18 novembre 2008, en visite en Tunisie. Ajoutons que Strauss-Kahn n’est pas le seul « socialiste » défenseur de la dictature déchue. L’Internationale socialiste a attendu le 17 janvier pour chasser le RCD,parti de Ben Ali,de ses rangs !